Culpabilité et honte

 


J’ai longtemps vécu sous le poids de la honte et de la culpabilité. En fait, d’aussi loin que je me souvienne. Ces sentiments sont venus s’installer profondément dans mon être dès toute petite, je ne saurais même pas dire à quel moment exactement, tellement j’étais jeune.

En grandissant, et en commençant à marcher avec le Seigneur – vers l’âge de 13 ans -, j’ai compris que c’était en partie lié à la mort de ma mère : un enfant peut souvent développer un sentiment de culpabilité lors d’un évènement difficile, sa conscience – faussée – lui soufflant qu’il a une forme de responsabilité dans ce qui s’est passé.

J’ai grandi avec la vague idée que quelque chose n’allait pas chez moi, que je n’étais pas comme les autres – mais pas dans un sens positif -, que je n’étais pas assez bien – perfectionnisme, encore toi ! -, que j’étais comme endommagée, dysfonctionnelle, même si je ne m’étais pas ces mots-là à l’époque.

Et mon dialogue intérieur, oh la la ! J’étais très dure envers moi-même. « Tu n’es même pas capable de ceci, de cela, etc… Les gens ne t’aiment pas… Tu es inintéressante… » Cette voix intérieure était constamment en train de m’accuser de tout et n’importe quoi ! Pas étonnant que je me sentais coupable et honteuse !

La culpabilité entraîne la honte. On se sent coupable de quelque chose – parfois on ne sait même pas vraiment quoi, presque simplement d’exister, ou d’être soi ! -, et on a peur que les autres découvrent cette faute, ou cette inadéquation fondamentale qui nous disqualifie. La honte, c’est le désir de se cacher, de cacher quelque chose.

La honte nous est parfois transmise par notre famille, comme un héritage dont on se passerait bien ! Enfant, on ressent, consciemment ou non, la honte que nos parents portent en eux, de leurs propres expériences traumatisantes, ou également celles de leurs ancêtres. Elle peut même nous être transmise verbalement. « Dans notre famille, … ». Ces fameux « secrets de famille », dont plus personne n’a connaissance au bout de quelques générations, mais il en reste la trace, dans ce sentiment de honte.

Ma famille paternelle est assez réservée – pour ne pas dire « timide » - de nature – ou d’héritage, qui sait ?! -, le poids d’un lourd secret embarrassant, transmis de génération en génération ?

C’est intéressant parce qu’au Burkina, où je vis actuellement, j’ai remarqué que les gens parlent de honte, là où j’utiliserais plutôt le mot « timidité ». Le mot « timidité » serait-il une manière de donner un peu plus de noblesse à ce qui serait, au fond, de la honte ? J’ai très jeune reçu l’étiquette de « timide », et j’ai compris que dans mon cas, c’était en grande partie dû à de la honte. Et le plus ironique, c’est que j’ai longtemps eu honte de ce trait de personnalité. Honte d’avoir honte ! C’est le serpent qui se mord la queue ! L’ennemi m’avait enfermée dans un cercle vicieux de honte et de culpabilité.

Être libéré.e de la culpabilité et de la honte

On le sait, l’œuvre de Christ à la croix est venue, aussi pour nous libérer de la culpabilité et de la honte. (chercher la référence du verset). J’entends d’ici les magiciens de la Parole de Dieu : « La Bible a dit … ! Abracadabra, ta culpabilité et ta honte ont disparu ! » C’est si simple, n’est-ce pas ?!

Ou bien, ceux qui combattent le mal par le mal : « T’es timide ? Tu sais que c’est sûrement de l’orgueil ? Et puis la crainte des hommes, c’est mal hein ! … Attends, t’as pas la foi que Dieu t’a libéré de la honte ? Oh la la, mais c’est de l’incrédulité !!! Repens-toi vite ! » Euh… je suis pas sûre qu’ajouter plus de culpabilité à la culpabilité soit le meilleur moyen de s’en sortir, mais merci pour la tentative… !

Rétrospectivement, je dirais que ce qui m’a le plus aidée, c’est d’abord laisser le Saint-Esprit faire la lumière sur ce qui s’était réellement passé. Surtout qu’une famille de personnes réservées, honteuses et coupables, bah ça n’aime pas parler des sujets sensibles, hein ! Donc bien évidemment, il y avait tout un silence et un « vide de mots » qui entouraient mon histoire. Dieu a patiemment éclairé mes zones d’ombre intérieures, non sans trouver résistance de ma part, bien entendu – bah oui, on a dit, la honte, on cherche à cacher !!! Mais petit à petit, avec l’aide de frères et sœurs en Christ, j’ai compris que cette voix qui m’accusait, c’était pas celle de Dieu, mais de l’ennemi. Et que non, je n’étais pas coupable du décès de ma mère – je sais que ça peut paraître exagéré, mais c’était bel et bien ce que l’ennemi avait réussi à me faire croire !

Je me souviens d’une fois, c’était dans le début de ma vingtaine, j’étais dans un supermarché, cherchant quelque chose à apporter pour aller à une soirée. Rien que ça, c’était générateur de tension en moi : et si je ne prenais pas ce qu’il fallait, qu’est-ce que les autres allaient penser… - encore une fois, je sais c’est extrême, mais c’est là où j’en étais, malheureusement… « Tu vois, t’es même pas capable de choisir quelque chose de bien pour aller à cette soirée ! » Là, j’ai eu un déclic : « non mais ça suffit maintenant, je vais arrêter de me laisser accuser comme cela, pour quelque chose d’aussi banal que quelque chose à manger ! » Je commençais à réaliser l’ampleur du problème, et enfin dire stop !

On appelle généralement ce dialogue mental le « critique intérieur » ou « la voix auto-critique ». Est-ce seulement notre chair ? Est-ce la voix de l’ennemi ? De démons ? Probablement un peu de tout cela.

La discerner est déjà une première étape. Prendre de la distance par rapport à son discours et commencer à refuser ses mensonges en est une deuxième. Je pense que vraiment prendre conscience que ce n’est pas Dieu qui parle est particulièrement clé. Personnellement, j’étais dans une grande confusion à ce sujet. Et en commençant à prendre position par rapport à ces accusations, la crainte de devenir insensible aux corrections de Dieu a fait surface. Ah ! L’ennemi et ses contrefaçons ! Il m’a fallu du temps pour dire : « non, j’ai confiance que Dieu saura me reprendre quand j’en aurai besoin, et Il saura le faire avec amour et douceur, sans condamnation. En attendant, j’arrête d’écouter cette voix qui veut me garder dans la condamnation, la culpabilité, le perfectionnisme et la peur du châtiment ! »

Le prix de notre culpabilité a déjà été payé par Jésus pour nous, à la croix. Ce n’est pas pour que nous continuions à marcher dans la culpabilité, la honte, et la peur de la correction.

Approprions-nous réellement ces versets que nous connaissons si bien, en les méditant régulièrement, jusqu’à ce qu’ils deviennent vérités dans nos cœurs :

« Mais il était blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités ; le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. » Esaïe 53:5 (LSG, et tout le chapitre).

« Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. » Romains 8:1 (LSG)

« Et vous n’avez point reçu un esprit de servitude, pour être encore dans la crainte ; mais vous avez reçu un Esprit d’adoption, par lequel nous crions : Abba ! Père ! » Romains 8:15 (LSG)

« Petits enfants, n’aimons pas en paroles et avec la langue, mais en actions et avec vérité. Par là nous connaîtrons que nous sommes de la vérité, et nous rassurerons nos cœurs devant Lui ; car si notre cœur nous condamne, Dieu est plus grand que notre cœur, et Il connaît toutes choses. Bien-aimés, si notre cœur ne nous condamne pas, nous avons de l’assurance devant Dieu. » 1 Jean 3:18-21 (LSG)

« La crainte n’est pas dans l’amour, mais l’amour parfait bannit la crainte ; car la crainte suppose un châtiment, et celui qui craint n’est pas parfait dans l’amour. » 1 Jean 4:18 (LSG)

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