La guérison intérieure est un processus

 

J’aurais aimé savoir cela plus tôt.

Quand je suis venue à Christ, eh bien, j’avais une foi de nouveau né ! On venait de me présenter à un Dieu tout puissant, qui m’avait créé, et qui avait donné son Fils unique pour me sauver – et ça, c’était clair pour moi que j’avais besoin d’un Sauveur, parce que j’avais pas ce qu’il fallait pour faire face à cette chose qu’on appelle la vie toute seule ! Quelle super nouvelle, j’allais être sauvée de ma vie et de mes problèmes !!!

Bon, je me suis vite rendue à l’évidence que c’était pas aussi simple que ce que j’avais cru. Ma vie n’avait pas vraiment changé, dans les faits, j’étais toujours face aux mêmes circonstances. Et intérieurement, bah pareil. Je n’ai personnellement pas expérimenté un avant et un après conversion radical, fulgurant, où ça y est, je ressentais une joie et une paix profonde, l’amour de Dieu en moi, etc… J’étais toujours aussi désemparée face aux challenges de la vie, et honnêtement, la vie chrétienne semblait parfois plus comme une contrainte supplémentaire, parce qu’à présent, en plus de me sentir complètement larguée face à la vie, par-dessus le marché, j’étais consciente de tout le mal que je faisais, de tout le bien que je ne faisais pas, et de tout ce que Dieu attendait de moi, et dont je ne me sentais pas du tout capable !

Bref, tout ça pour dire que j’aurais aimé qu’on me dise que c’était normal que tous mes soucis ne se soient pas évanouis du jour au lendemain, et que c’était ok que ça prenne du temps. Bon, si je suis totalement honnête avec moi-même et avec toi, peut-être qu’on me l’a dit. Et peut-être que j’avais pas vraiment envie de l’entendre. J’aurais bien aimé, moi, que tout le chaos que je ressentais intérieurement disparaisse comme par enchantement, lors d’un bon temps de prière bien puissant.

Mais c’est pas comme ça que ça se passe, la plupart du temps. C’est un processus. C’est notre façon de penser qui doit être modifiée, avec douceur, patience et persévérance. Ça, on le sait, et on me l’avait dit, je te rassure. Mais peut-être que je n’avais pas réalisé à quel point nos pensées influencent nos émotions. Et pas forcément instantanément. Il peut y avoir une sorte de décalage. Par exemple, tout d’un coup, je peux commencer à ressentir une tension en moi – c’est-à-dire de l’anxiété – et pourtant, sur le moment, je ne suis pas forcément en train de penser à quelque chose qui me stresse. C’est un exercice qu’on a beaucoup pratiqué avec mon mari ! Je commençais à ressentir cette fameuse tension, je lui disais, et il me répondait : « tu penses à quoi ? », et moi : « bah je sais pas, rien de spécial ! » Mais si je « rembobinais » mentalement, et essayais de me rappeler ce à quoi j’avais pensé quelques minutes auparavant, je retrouvais généralement la pensée qui avait probablement provoqué cette tension. Selon moi, elle était passée, je ne m’étais pas forcément trop attardé sur elle, donc elle n’allait pas avoir d’impact sur moi, point final. Et bah apparemment si ! Donc maintenant il était nécessaire de faire une pause, prendre une grande inspiration, et remplacer la pensée inquiétante, par une parole apaisante : « tout va bien, je suis en sécurité actuellement, la pensée qui m’a traversée n’est pas forcément la vérité, je la remplace par ce que Dieu me dit dans Sa Parole… » Tu vois un peu l’idée. Bon, bien sûr, ça marche que si tu arrives à avoir un peu foi dans ce que Dieu dit, hein, et c’est pas toujours la partie la plus simple, pour moi en tout cas ! Mais la Bible dit que la foi vient de ce que l’on entend, donc se remémorer et se répéter les promesses de Dieu, même quand on n’y croit pas vraiment au début, aide à faire grandir cette foi. Et petit à petit, ces paroles deviennent vérité dans nos cœurs, et nous pouvons en récolter les fruits…

Voilà une des raisons pour lesquelles guérir intérieurement prend du temps, et c’est un processus.

Une autre raison est que souvent, cela nous demande de revisiter notre passé, à la Lumière de Christ, afin de comprendre ce qui s’est passé. Certaines personnes sont réticentes à cette idée, trouvant que se remémorer le passé, c’est contreproductif, ça ne fait que remuer les couteaux dans les plaies, etc… Selon eux, la solution est d’enterrer le passé une bonne fois pour toutes, l’oublier, et ne plus revenir dessus. J’entends cette position, et si ça « fonctionne » pour ces personnes, alors j’ai aucun souci avec ça !

Mais ma conviction personnelle, et mon expérience, c’est que « oublier » le passé ne garantit pas qu’on en soit guéri. On peut simplement être dans le déni, et finir par être tellement déconnecté de son cœur qu’on ne ressent plus grand-chose. Ou bien, par exemple, manifester en permanence une agressivité dont on ne connait pas l’origine, et on finit par dire que c’est notre tempérament.

Et je suis d’accord qu’on n’a pas forcément besoin de tout « comprendre » dans les moindres détails pour aller mieux – « heureux les simples d’esprit ! » - mais quelque part, comprendre ce qui s’est passé nous rend normalement plus mature, émotionnellement et relationnellement, et nous permet potentiellement de ne pas reproduire les mêmes erreurs par la suite. Car c’est plutôt là que se situe le danger à mon sens : quand on n’est pas conscient de ce qui se passe en nous, ce qui influence nos réactions, nos comportements, etc…, eh bien on reproduit « inconsciemment » toujours les mêmes comportements, et potentiellement les mêmes erreurs. Prendre conscience de nos schémas mentaux les plus automatiques, est la première étape vers le changement.

Bien sûr, comprendre ne suffit pas, et il y a aussi le piège de se retrouver coincé dans la « rumination » d’évènements douloureux. Là, la solution n’est pas de revisiter encore et encore ce qui s’est passé, mais bien sûr de travailler à pardonner.

La guérison intérieure est un processus, un chemin qu’on doit choisir de prendre, pour grandir et expérimenter une plus grande liberté. De la même façon que guérir physiquement prend du temps. Prendre ce chemin, c’est non seulement s’offrir un des plus beaux gestes d’amour inconditionnel envers soi-même, mais également envers nos proches et ceux qui nous entourent. Ne serait-ce pas, finalement, le plus grand travail auquel Dieu nous appelle ?

« Je leur donnerai un même cœur, et je mettrai en vous un esprit nouveau ; j’ôterai de leur corps le cœur de pierre, et je leur donnerai un cœur de chair, » Ezékiel 11:19 (LSG)

« Je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau ; j’ôterai de votre corps le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair. » Ezékiel 36:26 (LSG)

 

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