Burnout : symptômes, causes, et mon expérience
On parle beaucoup
de burnout actuellement (surmenage ou épuisement professionnel), parce que cela
semble de plus en plus répandu. Notre mode de vie semble favoriser ce genre d’expérience,
nous sommes dans une ère de la facilité et de l’immédiat, et là où nous devrions
développer et cultiver la patience, nos sociétés nous renvoient sans cesse le
message que nous sommes en retard, que nous n’avons pas telle ou telle chose,
ou accompli telle ou telle autre. Tout est fait pour nous rappeler ce dont nous
manquons, et nous encourager à « cravacher » pour l’obtenir !
Ou bien nous
sommes dans le ministère, ou une profession qui encourage de se sacrifier pour
les autres. Et à la suite de déceptions, ou d’engagement intense sur une trop
longue période de temps, nous finissons par arriver au bout du rouleau, épuisés
et désabusés.
Voyons quels sont
les symptômes communs de burnout, puis les causes (les deux listes ne
prétendent pas être exhaustives).
- Fatigue chronique ou fatigue extrême
- Tomber fréquemment malade
- Problèmes de sommeil
- Désillusion vis-à-vis du travail
- Cynisme envers les autres
- Sentiment d’impuissance et de désespoir
- Sentiment d’impuissance face aux évènements
- Colère envers le « système »
- Dépression et isolement
- Eloignement des autres
- Absentéisme
- Dureté dans les interactions avec les collègues
- Diminution de l’implication et l’engagement au travail
- Travailler trop dur ou trop longtemps sans pause
- Atteinte d’un objectif après une longue période de travail intense, et pas d’autre objectif ou de vision pour continuer à aller de l’avant ensuite
- Sentiment d’être trahi par les personnes que nous servons
- Sentiment d’être trahi par les personnes qui sont au-dessus de nous
- Avoir accompli tout ce qui était en notre pouvoir à un poste ou un endroit donné, mais s’entêter à persévérer, au lieu d’aller de l’avant
- Sentiment d’être utilisé, ou pas soutenu
- Péché non confessé et non repenti
- Mauvaises priorités concernant l’utilisation de notre temps et de notre énergie (addiction au travail)
- Non-respect du principe du sabbat hebdomadaire ; être opérationnel 24h/24, 7 j/7
- Déception et désillusion vis-à-vis d’un leader que nous avons servi avec dévouement
- Echec d’un projet dans lequel on s’est massivement investi
- Frustration vis-à-vis des autres
- Attentes non satisfaites en matière de succès, reconnaissance ou récompense
- Manque de focus ; énergie et activités dispersées dans trop de directions différentes
- Tentative de faire un travail que Dieu ne nous a pas appelé à faire, pour lequel on n’est pas doué, ou pas correctement et suffisamment formé
- Travail effectué pour de mauvaises raisons, motivations pas alignées avec le cœur de Dieu
- Surcharge de travail sans soutien adéquat
- Occupation d’un poste plutôt que réalisation d’une vocation
Pour ma part, je
dirais que c’est l’inverse qui s’est produit : plusieurs déceptions, d’ordre
personnel ou non professionnel, se sont enchaînées, et ont aggravé les
symptômes d’une dépression qui semblait m’avoir suivie, aussi loin que je me
souvienne. Cela s’est répercuté sur mon travail : je suis arrivée à un
point où j’étais écœurée de ce que je faisais, et du travail en général (je n’avais
plus envie de travailler du tout, et d’ailleurs j’avais peur que l’envie ne
revienne jamais), mais je n’avais plus d’intérêt pour les activités
spirituelles non plus. J’ai commencé à me retirer des activités de mon église,
et à m’isoler, n’ayant plus autant de désir de passer du temps avec mes amies
de longue date. J’étais clairement en rébellion contre le « système ».
Personnellement,
me remettre de tout cela a été long. Certaines personnes diraient « extrêmement »
long. De nombreuses années. Je pense, parce que les racines se trouvaient dans
ce que j’avais vécu dans mon enfance. Dieu a dû « ébranler » - pour
ne pas dire démolir et terrasser ! – fortement les mauvaises fondations
dans ma vie, pour pouvoir rebâtir sur de meilleures bases. Et qu’on le veuille
ou non, ça prend du temps.
Pour ma part, il
a fallu arrêter de travailler, quasiment totalement, pendant un certain temps.
J’ai quitté mon travail salarié d’ingénieur, sans aucune idée de ce que j’allais
faire par la suite (dans tous les cas je n’étais pas vraiment en mesure de
concevoir un plan pour l’avenir, puisque presque toute envie avait disparu). Je
suis consciente que c’est un luxe que tout le monde ne peut pas forcément s’octroyer.
Je suis reconnaissante à Dieu de ce que ça a été possible pour moi. J’ai
notamment grandement bénéficié du soutien matériel de mon père, qui a accepté de
m’accueillir autant de fois et aussi longtemps que j’en ai eu besoin. Par la suite, j’ai aussi bénéficié du soutien de mon mari.
Mais avec le recul,
le travail que Dieu a effectué dans mon cœur durant toutes ces années est
colossal. Ça n’a pas été facile, loin de là. Ça ne s’est pas fait sans
résistance de ma part non plus. J’ai vu s’effondrer la majeure partie du peu
que j’avais bâti et auquel je m’accrochais avec une force insoupçonnée !
Mon statut social de bonne élève devenue ingénieure, mes quelques biens
matériels, les quelques relations et amitiés construites au fil des années… J’ai
vu tout cela s’éloigner. Et à vrai dire, j’ai eu une attitude plutôt ambigüe à
l’égard de tout cela : d’un côté c’était moi qui leur tournais le dos,
dans un sentiment de dédain et d’insatisfaction, mais au moment où je réalisais
que je les avais vraiment perdus, la douleur, le remord et le ressentiment
étaient parfois très difficiles à supporter. Probablement comme la femme de
Lot, qui s’est retournée pour observer la destruction de la ville où elle avait
vécu, et s’est retrouvée transformée en statue de sel.
Un changement d’identité
C’est carrément
un changement d’identité que Dieu a opéré. Changement qui était nécessaire,
pour vraiment revêtir, je dirais même incarner, celle d’enfant de Dieu. J’ai
même dû abandonner plusieurs identités : celle de la bonne élève, de l’ingénieur,
comme je l’ai dit, mais aussi celle de l’orpheline, qui ne compte que sur elle-même
pour s’en sortir, et cherche même à ne dépendre de personne, même pas de Dieu. Plus
ou moins inconsciemment, je ne faisais pas vraiment confiance à Dieu pour les
choses importantes de ma vie, persuadée que Ses désirs étaient trop éloignés
des miens, et qu’Il ne voulait pas vraiment mon bien – d’ailleurs, je peux
confirmer aujourd’hui que Ses désirs étaient bien éloignés des miens !
Mais si je suis honnête, je suis forcée d’admettre qu’Il sait mieux que moi ce
qui est bon pour moi 😉
Un burnout, ou une dépression, n’est pas la fin de toute chose. Oui c’est la mort de quelque chose, parfois même de plusieurs, mais pour que d’autres puissent naître. C’est un changement d’identité, où notre ancienne identité, notre nature charnelle, agonise pour laisser place à notre nouvelle nature divine. C’est une occasion de mort, certes, mais aussi et surtout de renaissance.
« Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. » 2 Corinthiens 5:17
Qui dit mort dit
deuil, et c’est important d’accorder du temps pour permettre à ce processus de
deuil de se produire. Notamment faire face à la tristesse qui nous traverse,
sans chercher à la fuir, l’ignorer ou la supprimer. Ainsi que les autres
émotions qui peuvent émerger, notamment la colère. Aller au bout de nos pensées,
de nos raisonnements. En tout cas, c’est ce que j’ai fait. J’ai tout arrêté,
pour prendre le temps de souffler, de me reposer, de récupérer, mais aussi pour
aller au bout de mes raisonnements. Pour faire le point sur qui je suis
vraiment, ce que j’aime, ce que je n’aime pas, ce qui me convient, ce qui ne me
convient pas, ce que je désire, et ce que je ne veux pas. Pour essayer, tenter
des choses, échouer, faire des erreurs. Dieu m’a laissée tâtonner, chercher,
hésiter, tout en me guidant avec sagesse, et en me poussant quand c’était
nécessaire. Il m’a aidée à faire mourir l’égoïsme et les mauvaises motivations,
et à guérir de la déception, de l’amertume, et de la mauvaise estime de moi.
En conclusion, il
n’y a probablement pas de formule magique pour se remettre rapidement d’un
burnout. Cela demande du temps, du repos, d’accepter de ralentir, et de prendre
des temps d’introspection pour identifier comment on en est arrivé là. C’est un
subtil équilibre entre lâcher prise, faire confiance à Dieu et le laisser nous
conduire dans ce processus de transformation profond, et faire notre part en
continuant d’avancer, même si les pas sont extrêmement petits et lents.
C’est important d’être
entouré et accompagné quand Dieu le permet, mais également d’accepter les temps
où Dieu nous isole, pour nous rapprocher de Lui et approfondir notre confiance
en Lui. Et surtout, de ne pas oublier que ce n’est qu’un passage, et non une
fin définitive, vers plus de liberté et de force intérieure.
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