Etablir des limites saines dans ses relations
« Si c’est oui, dites “oui”, si c’est non, dites “non”, tout simplement ; ce que l’on dit en plus vient du Mauvais. » (Matthieu 5 : 37, version Français courant)
Dans ce passage, Jésus parle initialement du fait de se lier
en prononçant des serments. Et il nous conseille de ne pas en faire du tout.
Mais ce que je veux souligner ici, c’est qu’il ne nous dit pas de ne jamais
dire non !
Quand on parle d’établir des limites dans ses relations,
cela se résume basiquement à dire « non », ou en tout cas à définir
ce qui est acceptable pour nous et ce qui ne l’est pas.
Je pense que c’est une notion qui est plus communément
connue et acceptée aujourd’hui, que peut-être précédemment, pour les
générations plus anciennes ou celles qui nous ont devancées. Nous sommes plus
enclins à remettre en question l’autorité (ce qui cause également des dérives
et des problèmes si cela devient excessif), et à lui notifier ce qui nous
convient et ce qui ne nous convient pas. Dans l’éducation des enfants, nous
prenons davantage conscience des besoins de nos progénitures, afin d’y répondre
de façon appropriée. Mais également en tant que parents, partenaires, amis, ou
même dans notre vie professionnelle, etc, nous recherchons davantage
l’équilibre entre les besoins de la personne en face, et les nôtres. C’est une
bonne chose.
Et il s’agit d’un apprentissage. Il me semble que
naturellement, enfants, nous pouvons être assez vite portés à adopter un
comportement qui vise à satisfaire nos parents, plus que nos propres besoins
(que ce soit spontanément, ou parce que c’était ce qui était attendu de nous).
Et cela peut devenir un style de vie si nous n’en prenons pas conscience. Ce
que les anglo-saxons appellent le « people pleasing ».
En tant que chrétiens, nous sommes d’ailleurs appelés à
rechercher en priorité à plaire à Dieu, plutôt qu’aux autres (Galates 1 :
10). Nous pouvons parfois être dans une certaine confusion dans ces domaines,
car il est certain que la Bible nous exhorte à ne pas mener une vie égoïste,
centrée sur nous-mêmes (Philippiens 2 : 4), mais à se mettre humblement au
service des autres (1 Pierre 4 : 10). Et c’est également vrai qu’il y a
même un aspect sacrificiel à l’amour véritable (Jean 10 : 11, Jean
15 : 13, Ephésiens 5 : 2).
Mais cela ne signifie pas que nous devons tout accepter au
nom de l’amour ! Comme 1 Pierre 4 : 10 le précise, nous sommes les
« intendants » des dons que Dieu nous a donnés. En tant
qu’intendants, nous devons apprendre à « gérer » de façon adéquate et
efficace ce que Dieu a mis à notre disposition : notre temps, nos
ressources matérielles, nos dons, capacités et compétences, et toutes nos
autres ressources, physiques, psychiques et spirituelles.
Lorsque quelqu’un outrepasse nos limites, il est de notre
droit et même de notre devoir d’agir en conséquence, d’abord en en prenant
pleinement conscience, et si besoin de manière à ce que la situation évolue, ou
ne perdure pas.
Comment savoir si nos limites ont été outrepassées ?
Nous ressentons de l’irritation, de l’amertume, du
ressentiment, voire carrément de la colère, lorsque nous acceptons, ou faisons
face à une situation qui porte atteinte à nos limites. Par exemple si nous
avons accepté de rendre service à quelqu’un qui nous l’a demandé, alors que
nous sommes déjà surchargés par tout ce que nous avons à faire. Nous devrions
toujours faire du bien de façon délibérée, avec joie et enthousiasme, et non en
se sentant contraint.e, par sentiment de culpabilité, ou avec ressentiment.
Comment établir une limite de façon appropriée ?
Bien entendu, cela dépend des situations, et de la relation
en question. Mais une première étape peut être de verbaliser le malaise
ressenti, ou la situation qui ne nous convient pas. Dans le cas d’une demande,
simplement dire « non », « je ne peux pas », ou « ce
n’est pas possible », sans se justifier, car cela peut être l’occasion
pour la personne en face de disqualifier le refus. Eventuellement proposer une
alternative si c’est ce que nous souhaitons, et/ou cela est possible.
Dans d’autres cas, il s’agira de définir une conséquence.
Exemple : « Si tu me cries dessus, dorénavant je quitterai la pièce
et je ne t’écouterai pas. Tu peux décider de continuer à crier, mais je choisis
de ne plus rester en ta présence lorsque c’est le cas. »
Pour qu’une conséquence soit adéquate et
« efficace », elle doit être :
·
Rapide et facile à mettre en place
·
Certaine
·
Pratiquée avec régularité (c’est-à-dire à chaque
fois que la situation se reproduit)
Dire à quelqu’un que si la personne choisit de persévérer
dans le comportement qui porte atteinte à nos limites, il y aura des
conséquences, ce n’est pas de la manipulation ou du chantage ! Ce qui est
manipulateur et abusif, c’est de ne pas respecter les limites de quelqu’un qui
nous dit « stop » ! Cela ne signifie pas qu’il faut forcément se
montrer inflexible et fermé à toute forme de dialogue. Cela signifie qu’il est
primordial d’instaurer une atmosphère de confiance, de sécurité dans la
relation, où chacun connaît sa place, le cas échéant, et est prêt à se mettre à
l’écoute des besoins et des limites de l’autre.
Bien sûr, selon les relations (personnelles VS
professionnelles, par exemple), les enjeux au fait de définir des limites ne
sont pas les mêmes ! Si tu réalises que tu as besoin d’apprendre à mettre
des limites, commence à mettre en pratique dans les situations où l’enjeu est
le plus faible (probablement à la maison, avec la famille ou des amis), avant
de t’attaquer à des situations où les enjeux sont plus élevés (comme ta
relation avec ton boss par exemple !).
Faire face aux réactions des autres lorsque nous posons des limites
Une personne qui n’a pas appris à respecter les limites des
autres, aura tendance à être contrariée, frustrée et/ou en colère, lorsque cela
se produit, ce qui peut l’amener à chercher à utiliser la culpabilisation et des
accusations pour amener l’autre personne à changer d’avis.
1.
Ce n’est généralement pas à la personne qui a
posé la limite de composer avec la colère de la personne en face ;
2.
La culpabilisation est une des armes les
plus puissantes qu’on puisse utiliser contre quelqu’un ; mais dans ce cas,
il ne s’agit pas d’une méthode divine ; si nous sommes sensibles à ce
genre de message, il est de notre responsabilité de chercher la guérison de
notre cœur à ce niveau.
Faire face à nos propres réactions face au fait de mettre des limites
Lorsque nous sommes habitués à prendre nos décisions en
fonction de l’approbation des autres, au début, lorsque nous commençons à
prendre une autre direction, nous pouvons nous-mêmes ressentir de la
culpabilité. Notre propre « conscience » peut nous accuser d’être
égoïste, etc… Dans la plupart des cas, nous faisons face à des besoins réels,
et notre « bon cœur » a réellement le désir d’aider, etc… Ou bien
notre peur de ne pas être aimé.e, d’être rejeté.e, abandonné.e, etc., fait
surface.
Comme évoqué plus haut, il s’agit de pratiquer. Et de s’introspecter :
est-ce que je ressens du ressentiment à l’idée de faire ce qui m’est demandé ?
Est-ce que je risque de m’engager, pour ensuite avoir à revenir sur ma décision ?
Est-ce que j’apporte réellement de l’aide, ou bien je ne fais que nourrir un
cercle vicieux, une situation malsaine ? Quels sont les conséquences de
tirer sur la corde ? Cela risque-t-il de se répercuter sur ma relation
avec mon/ma conjoint.e ? Mes enfants ? Ma santé ? Qu’est-ce qui
me pousse à le faire ? (Spoiler : généralement il y a une peur
sous-jacente 😉).
A force de pratique, il deviendra de plus en plus facile de
dire non. Et, comme dans la parabole de Jésus sur les deux fils (Matthieu 21 :
28-32), il est préférable de dire non, puis de changer d’avis, que de s’engager,
pour ensuite se désister. Avec le temps, la culpabilité et la peur laisseront
place à la satisfaction et la paix d’esprit.
Pour conclure, une personne qui respecte ses propres limites
et les exprime, sera généralement plus à même de respecter celles des autres.
Travaillons à bâtir des relations saines, dans lesquelles, certes le dialogue
est de mise, mais où les limites de chacun.e sont respectées et honorées.
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