L’esprit d’accusation

 


Apocalypse 12:10 LSG :

"Et j’entendis dans le ciel une voix forte qui disait: Maintenant le salut est arrivé, et la puissance, et le règne de notre Dieu, et l’autorité de son Christ; car il a été précipité, l’accusateur de nos frères, celui qui les accusait devant notre Dieu jour et nuit."

J’ai longtemps souffert de cet esprit d’accusation. Dans ce verset, c’est Satan lui-même qui est appelé « l’accusateur des frères ». D’ailleurs, le mot « satan » a pour signification « accusateur ».

Cette voix qui m’accusait, j’ai commencé à l’entendre très tôt. Cela rejoint le sujet de la culpabilité et de la honte, d’ailleurs.

Cela rejoint également probablement le concept de « critique intérieur » utilisé en psychologie, développement personnel, etc… Cette voix intérieure particulièrement négative qui, si on la nourrit, passe son temps à nous saboter.

La Bible nous dit que nous avons effectivement un « accusateur », un adversaire qui nous « accuse devant Dieu jour et nuit ». Et Satan ne se contente pas de nous accuser devant Dieu, il nous accuse également dans nos pensées : nous, mais aussi les autres. C’est une de ses principales stratégies pour « dérober, égorger, et détruire » : accuser.

Bien sûr, c’est le péché (le nôtre, ou celui des autres), qui lui donne cet accès à nos vies. Dans mon cas, je pense qu’il est d’abord venu par la porte du décès de ma mère, arrivant à me convaincre que j’avais une responsabilité dans cet évènement. Mais peut-être qu’il avait déjà commencé son travail avant, qui sait ? J’étais tellement jeune, et l’ennemi ne perd pas de temps.

Cette voix étant là depuis tellement longtemps, j’ai mis du temps à la différencier de celle de Dieu. Cela peut paraître étrange, mais quelque part l’évangile venait confirmer le message que cette voix m’avait transmis : j’étais coupable, et j’avais intérêt à mettre ma vie en ordre si je voulais plaire à Dieu (et réellement obtenir son pardon, en fait).

Bien sûr, on m’avait dit que le pardon et le salut étaient obtenus par grâce, mais Dieu voulait que je change, non ? C’est ce qu’on appelle la sanctification, non ? Dieu nous corrige, nous montre ce qui ne va pas dans nos vies, afin que nous nous repentions et que nous marchions « en nouveauté de vie ».

Sauf que là, ça dépassait le cadre de la correction bienveillante, on était plutôt dans le domaine du harcèlement quasi-permanent. D’ailleurs, je ne faisais pas la différence entre cet esprit, Dieu ou moi-même : j’étais celle qui me traitait très durement intérieurement, mais je faisais ce que Dieu attendait de moi, non ? Je crois que je préférais m’infliger moi-même ces « corrections », en auto-analysant de façon quasi-obsessive mes moindres faits et gestes, pour en détecter les manquements, que de prendre le risque de me laisser vivre, et que Dieu me « tombe dessus » par inadvertance !

Bref, je ne sais pas si j’arrive à bien décrire mon point, mais il faut savoir que ce que je décris ici, c’est l’œuvre d’un esprit d’accusation. Dans mon cas, il me visait plutôt moi en particulier, mais pour d’autres personnes, ou d’autres situations, il est plutôt tourné vers l’extérieur, donnant à ces personnes de passer leur temps à blâmer les autres pour telle ou telle situation dans leur propre vie.

Ce n’est pas Dieu. Comme je l’ai dit, on peut souvent se mélanger les pinceaux en tant que chrétiens, parce que Dieu révèle le péché, non ? Oui, c’est vrai, le Saint-Esprit nous convainc de péché, mais quand c’est lui, ce n’est jamais pour nous enfermer dans la honte, la culpabilité et le découragement. Le Saint-Esprit vient pour nous apporter la liberté, pas l’esclavage.

Ok, mais alors est-ce que c’est possible que le Saint-Esprit nous montre quelque chose, et que l’ennemi se saisisse de la situation pour nous accabler, ou nous pousser à blâmer les autres ? Oui, très certainement. C’est pourquoi nous devons bien comprendre notre position en tant qu’enfants de Dieu : « il n’y a plus aucune condamnation pour nous » (voir Romains 8 :1). Aucune. Est-ce que nous devons utiliser cela pour justifier notre choix, parfois, de demeurer dans une situation pécheresse, ou de perpétuer un comportement pécheur ? Non. Mais est-ce que nous devons accepter de continuer à porter le poids de la culpabilité sur nos épaules, pour des choses que nous avons commises (ou parfois même pas commises) des années auparavant ? Non plus. Et presque pire : chercher à faire peser ce poids sur les épaules des autres ? Encore moins.

Une fois, un frère m’a dit une phrase que je n’ai jamais trop comprise : « par nos péchés, nous crucifions à nouveau Jésus à la croix… », quelque chose dans ce goût-là. Jusqu’à aujourd’hui, je ne comprends pas la logique de ce raisonnement. Je ne crois pas que ce soit vrai. Ce que je crois, c’est plutôt que lorsque nous choisissons de continuer à porter le poids de la culpabilité, nous disons plutôt : « Jésus, descends de la croix, et je vais monter à ta place » ! Quelque part, nous refusons l’œuvre de la croix, ou nous considérons qu’elle n’est pas suffisante au pardon de nos péchés.

L’esprit d’accusation peut même causer des insomnies : en priant avec une sœur en Christ à ce sujet (j’avais régulièrement des insomnies, tellement je me mettais la pression pour tout et n’importe quoi, j’étais constamment sous tension, et j’avais du mal à me calmer pour m’endormir, malgré la fatigue qui s’accumulait), elle reçoit « esprit d’accusation ». C’est ce jour-là que j’ai commencé à réaliser l’influence de cet esprit dans ma vie, et l’ampleur de ses dégâts.

Quelle est la solution ? Se « connecter » à la grâce et la miséricorde de Dieu. Jésus a dit : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur ; et vous trouverez du repos pour vos âmes. Car mon joug est doux, et mon fardeau léger. » Matthieu 11 : 28-30 version LSG. Nous avons des responsabilités devant Dieu, mais lorsque nous portons de lourds fardeaux, c’est que nous portons des choses que Dieu ne nous demande pas de porter. Dieu n’exige pas la perfection de nous, Il nous invite à progresser, avec Lui.

Observons notre discours intérieur, et commençons à changer de focus : suis-je constamment en train d’examiner ce que je fais pour y trouver les failles ? Ou suis-je constamment en train d’examiner ce que les autres font, dans le même but ? Peut-être que c’est le passé que l’ennemi nous conduit à régulièrement « ruminer », pour nous blâmer des erreurs que nous avons commises, ou blâmer les autres pour le mal qu’ils nous ont fait, le bien qu’ils ne nous ont pas fait, etc… Encore une fois, c’est évident dit comme cela, mais ce n’est pas Dieu. Prenons conscience de ce discours intérieur, afin de ne plus le « nourrir », mais au contraire diriger nos pensées vers ce qui peut nous édifier et nous encourager (Philippiens 4 : 8). Demandons au Saint-Esprit de nous aider à discerner les pensées qui viennent de lui, de celles qui ne le sont pas. Demandons-lui de nous consoler, de nous révéler Sa justice dans les situations qui nous ont blessées, demandons-lui de guérir nos blessures. Demandons-lui de nous révéler Sa douceur et Sa bienveillance, dans les moments où nous sommes trop durs envers nous-mêmes, ou envers les autres.

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